8 Avril 2015
L’État a érigé cinq priorités : trois concernent la télémédecine hospitalière et deux autres la télémédecine ambulatoire. © GARO / Phanie / AFP
NUMÉRIQUE. Cet article est extrait du magazine Sciences et Avenir n°816, en vente en février 2015. Le magazine est disponible à l'achat en version numérique via l'encadré ci-dessous.
Sciences et Avenir : La France est-elle en retard en matière de télémédecine ?
Dr Pierre Simon : Les pays scandinaves et le Canada sont plus
en avance car ils sont confrontés aux déserts médicaux depuis plus longtemps que nous. Mais nous n’avons pas à rougir. Des expériences pilotes existent depuis 20 ans et depuis 2011, l’État a érigé cinq priorités : trois concernent la télémédecine hospitalière et deux autres la télémédecine ambulatoire (la télésurveillance des malades chroniques — soit trois millions de personnes — et la téléconsultation dans les structures médico-sociales).
L’accès aux soins n’est pas l’unique enjeu...
Non. À titre d’exemple, 350.000 insuffisants cardiaques sont hospitalisés durant 12 à 13 jours par an en moyenne. Or, en prévenant toute aggravation grâce à la télésurveillance, on économiserait au moins un milliard d’euros chaque année de frais d’hospitalisation. C’est considérable ! De plus, 80 % des personnes qui viennent aux urgences le font faute d’avoir obtenu un rendez-vous chez leur médecin. Or, en réorganisant les soins de premiers recours, la téléconsultation permettrait de sortir de l’"hospitalocentrisme".
Pourquoi la télémédecine ne se généralise-t-elle pas plus vite ?
En 4 ans, 45 millions d’euros ont été alloués aux agences régionales de santé, mais cela ne suffit pas. Il faut repenser l’organisation du système sanitaire : redéfinir le travail des professionnels de santé, permettre aux hôpitaux qui freinent le processus de compenser leur manque à gagner, améliorer l’interopérabilité des différents systèmes de dossiers médicaux informatisés et arrêter un modèle durable de financement.
Propos recueillis par Chloé Belleret
Sur le web : Télémédecine : Interview du docteur Emmanuel Cauchy